Que recouvre le secteur de la pharmacie ?
L‘officine bénéficie, en raison du Code de la santé publique, du monopole de la vente de médicaments et d’autres produits conformes à la pharmacopée, à savoir notamment :
- la préparation des médicaments destinés à l’usage de la médecine humaine, des objets de pansements, et de tous articles présentés comme conforme à la pharmacopée et des générateurs, trousses ou précurseurs mentionnés à l’article L. 512-1 du Code de la santé publique,
- la vente en gros, la vente au détail, y compris par internet (depuis le 2 janvier 2013) des produits précités,
- la vente des plantes médicinales inscrites à la pharmacopée (sous réserve des dérogations établies par décret).
Le pharmacien peut également proposer les services suivants :
- l’analyse pharmaceutique de l’ordonnance médicale,
- la préparation de doses à administrer,
- la mise à disposition des informations et les conseils nécessaires au bon usage du médicament.
La profession est regroupée par l’INSEE sous le code APE 47.73Z “commerce de détail de produits pharmaceutiques en magasin spécialisé”.
Quelles sont les conditions d’accès à la profession ?
Une officine ne peut être ouverte que par un titulaire d’un diplôme d’Etat de docteur en pharmacie inscrit à l’Ordre des pharmaciens.
Le titulaire est obligé d’exercer personnellement sa profession et une officine ne peut rester ouverte en l’absence de son titulaire (sauf s’il se fait remplacer).
Le pharmacien doit se faire assister par un ou plusieurs assistants, selon le chiffre d’affaires réalisé.
La licence
Le directeur général de l’Agence Régionale de Santé (ARS) décide de l’obtention d’une licence pour la création d’une officine de pharmacie.
La licence fixe l’emplacement où l‘officine sera exploitée; elle devra être ouverte au plus tard l’année qui suit la notification de la licence.
Les conditions d’implantation
Un numerus clausus, fondé sur la population municipale, limite les nouvelles créations d’officines :
- Dans les communes de plus de 2.500 habitants sans officine, une ouverture est possible par voie de transfert (quota porté à 3.500 habitants pour les départements de la Guyane, de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin),
- Dans les communes de plus de 2.500 habitants disposant déjà au moins d’une officine, une autorisation peut se faire par transfert ou regroupement par tranche de 4.500 habitants recensés,
- Sous certaines conditions, l’ouverture d’une pharmacie par voie de création peut être autorisée dans les communes dépourvues d’officine, ou dans les zones franches urbaines, les quartiers prioritaires de la politique de la ville et les zones de redynamisation urbaine.
Les pharmaciens peuvent exercer en entreprise individuelles ou constituer :
- entre eux, une SNC ou une SARL, à la condition que cette société ne soit propriétaire que d’une seule officine, quel que soit le nombre de pharmaciens associés, et que la gérance de l’officine soit assurée par un ou plusieurs pharmaciens associés,
- une société coopérative de pharmaciens d’officine,
- une société d’exercice libéral, sous certaines conditions.
Depuis le décret n° 2013-466 du 4 juin 2013, les pharmaciens peuvent également constituer des Sociétés de Participations Financières de Profession Libérale (SPFPL) d’officines.
Le mode d’exercice juridique
L’exercice individuel reste la forme la plus développée au sein de la profession, mais la part des pharmacies en exploitation individuelle ne cesse de baisser depuis le début des années 2000. Le pharmacien préfère désormais exercer en société afin de pouvoir bénéficier des avantages découlant du régime fiscale de l’impôt sur les sociétés.
Les groupements de pharmacie
En se regroupant, les pharmaciens bénéficient de nombreux avantages, à savoir notamment :
- l’optimisation des achats, grâce à la centrale d’achats du groupement, permet aux officines de lutter contre l’érosion de leurs taux de marge,
- la mutualisation de la fonction informatique,
- l’accès à des services supports et à différents services : conseil, outils de communication, formations,
- l’accès à une offre de MDD
Ainsi, une quarantaine de groupements sont recensés en France, les dix premiers réseaux cumulant près de 20.000 pharmacies.
Les principaux groupements sont : Welcoop, Népenthès, Centrale des Pharmaciens et Optipharm.
Les perspectives de marché
- Après quelques années de recul, le chiffre d’affaires du médicament en ville devrait progresser à nouveau,
- Les prix des médicaments remboursables, y compris génériques, devraient baisser,
- La demande en parapharmacie et en articles médicaux devrait poursuivre son dynamisme,
- Le développement des servies en officine devrait croître,
- Les ventes en ligne de médicaments d’automédication devrait augmenter,
- L’ouverture du capital des officines trouve de plus en plus de partisans,
Les spécificités du compte de résultat prévisionnel
Pour rédiger convenablement le volet financier de son business-plan, le pharmacien devra étudier notamment sur les points suivants :
- la forme juridique (entreprise individuelle, sarl, snc…)
Ce choix impactera le montant des charges sociales touchant la rémunération du pharmacien, le résultat et donc les impôts. Le montant de la capacité d’autofinancement sera concerné par cette décision.
- la décomposition du chiffre d’affaires par activité,
Il conviendra d’être vigilant sur le paramétrage du logiciel de la caisse enregistreuse. D’ailleurs, à compter du 1er janvier 2018, ce dernier devra répondre à des conditions d’inaltérabilité, de sécurisation, de conservation et d’archivage des données en vue du contrôle de l’administration fiscale.
- Quatre taux de TVA toucheront le chiffre d’affaires :
- le taux de 20% pour les produits de la parapharmacie et de la cosmétologie, les médicaments à usage vétérinaire, les cotons…
- le taux de 10% pour les médicaments non remboursables,
- le taux de 5,5% pour les laits et aliments infantiles, les appareillages et équipements pour handicapés…
- le taux de 2,10% pour les médicaments remboursables.
Idéalement, le business-plan prévoira quatre lignes de chiffre d’affaires.
- le taux de marge commerciale
Depuis le 1er janvier 2016, la marge de la pharmacie sur le médicament remboursable est une marge dégressive à cinq tranches, assorties de deux forfaits à la boîte.
Certaines pharmacies se regroupant afin d’optimiser leurs conditions d’achats, des rétrocessions devront être déterminées et incorporées dans le compte de résultat.
Le taux de marge était en moyenne de 28,8% du chiffre d’affaires en 2015. Il n’existe pas de fortes disparités selon la taille des sociétés : entre 27,3% du chiffre d’affaires pour les plus grosses pharmacies (CA supérieur à 4,5 M€) et 29,1% pour les plus petites.
- la masse salariale,
Il conviendra d’être attentif aux salaires proposés afin de réduire les départs, cause de perturbations dans l’activité. Il convient de rappeler qu’un pharmacien devra toujours être présent dans l’officine.
- les assurances,
Il est recommandé de réaliser régulièrement un audit des contrats d’assurance souscrits afin d’évaluer le degré de couverture des risques et de déceler les éventuels risques non couverts par lesdits contrats.
- le loyer de l’officine,
Les points de vigilance du plan de financement
La prudence s’impose
Après des années de progression de la valeur des officines, un retournement s’est opéré. Le plus grand soin doit être apporté lors de la constitution du plan de financement, tableau indispensable du business-plan, et ce, afin d’éviter un dépôt de bilan.
Il semble difficile de prévoir une hausse du chiffre d’affaires. La marge commerciale ne devra en aucun cas être améliorée par rapport aux derniers chiffres du cédant. La prudence d’impose ainsi dans le contexte général de maîtrise des dépenses de santé.
Les éléments incorporels représentent une partie significative du coût d’acquisition d’un fonds de commerce. Cet investissement ne peut pas donner lieu à un amortissement fiscalement déductible. Aussi, le pharmacien est contraint de dégager un bénéfice net d’impôt supérieur à la part en capital du remboursement de l’emprunt.
Points spécifiques
Il conviendra d’être vigilant sur l’établissement du plan de financement, notamment au regard :
- du montant des investissements,
La caisse enregistreuse ou l’installation informatique peut être amortie sur 4 ou 5 ans, les agencements sur 10 ans.
- du montant du stock,
Le stock représente habituellement entre 45 et 49 jours d’achats HT (57 jours pour les pharmacies dépassant un chiffre d’affaires annuel de 4.500 M€).
En cas de rachat du stock, le pharmacien sera avisé de recourir aux services d’un spécialiste, appelé “inventoriste” pour valoriser les produits. En effet, il est fréquent d’avoir en stock des milliers de références rendant l’inventaire particulièrement lourd et lent.
La nature des marchandises en stock (médicaments) et la vitesse de rotation rapide limitent les risques de dépréciation. Il faut cependant gérer la péremption des médicaments et être vigilant lors de l’acquisition du fonds de commerce.
- le poste “crédit fournisseurs”
Il représente environ 31 jours d’achats TTC pour les pharmacies dont le chiffre d’affaires est inférieur à 4.5 M€. Pour les autres, le délai monte à 38 jours.
- le poste “créances clients”
Il est évalué à environ 8 jours de chiffre d’affaires TTC.
- de la pratique du tiers payant
Le montant des recettes non réglées par le client est en progression régulière. Le pharmacien n’encaisse éventuellement que le ticket modérateur et obtient ensuite le solde par le “tiers payant”.
Le pharmacien délivre en effet les produits quelques jours avant d’encaisser le prix par la caisse d’assurance maladie. Toutefois, la pratique de la télétransmission réduit ce délai. Hélas, l’informatisation du système d’empêche par une réelle déperdition et il conviendra de déprécier fortement toute créance supérieure à 6 mois. Au-delà de 2 ans, les dossiers non régularisés avec la Sécurité Sociale et les Mutuelle sont clôturés automatiquement et donc perdus pour le pharmacien.
En tenant compte des délais mentionnés ci-dessus, le BFR s’établit à environ 10 jours de chiffre d’affaires TTC.
Evaluation sectorielle
Les forces et les faiblesses du secteur
- L’emplacement commercial, les facilités d’accès et de stationnement,
- La taille de la pharmacie : disparition de la pharmacie dite traditionnelle au profit de de grandes officines permettant un meilleur amortissement des frais fixes,
- Avec le maintien des quotas et du statut protégé des pharmacies : certaine garantie du prix de revente des pharmacies,
- Agencements du magasin : utilisation d’un robot pour la distribution des médicaments, informatique récente,
- La pénurie du personnel qualifié, turn-over du personnel à surveiller,
- La ventilation du chiffre d’affaires par articles : diminution des taux de marge si absence de produits à plus forte valeur ajoutée tels que la parapharmacie, les produits vétérinaires
Les méthodes couramment utilisées
La valeur du fonds de commerce dépend du niveau de chiffre d’affaires et de l’emplacement de l’officine. Cette valeur est estimée entre 70% et 110% du chiffre d’affaires TTC. Cependant, en raison de l’érosion régulière de la marge commerciale, on constate une tendance à la baisse de la valeur du fonds des pharmacies de 1 à 0,85 en quelques années.
Le Mémento Transmission d’Entreprise 2015/2016, qui ne présente aucun caractère officiel, mais qui est généralement utilisé par les experts et les tribunaux, donne pour base d’évaluation entre 60% et 95% du chiffre d’affaires TTC. Les résultats obtenus par application de ce barème indicatif doivent être corrigés pour tenir compte des caractéristiques propres à l’affaires, telle l’emplacement géographique de la pharmacie.
Cette évaluation s’entend matériel compris, à l’exclusion du stock de marchandises.
Le chiffre d’affaires retenu, TVA comprises, est souvent le chiffre d’affaires des trois dernières années. Le plus souvent, l’évaluation est pondérée de façon relativement intuitive par la qualité de l’emplacement et la rentabilité de l’officine.
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Notre cabinet d’expertise comptable sera à vos côtés pour vous conseiller et vous assister dans l’ouverture ou le rachat d’une pharmacie. Vous serez conseillé à tous les niveaux : fiscalité, social, comptable, juridique et financier (établissement du business-plan).
Tour Onyx – 10, rue Vandrezanne – 75013 Paris – Tél : 01.44.23.24.25
Informations très intéressantes et précises pour une reprise d’officine. Pharmacien, je ne maitrise pas les rouages de la fiscalité et de la valorisation d’une pharmacie. Je vous contacterai une fois un projet sérieux en perspective.
Merci pour ces informations ! Plus qu’à trouver LA bonne pharmacie à acheter !
Bonjour
Etre pharmacien est un métier, tout comme expert-comptable d’une pharmacie. Beaucoup de spécificités. Il est indispensable de faire appel à un cabinet spécialisé.